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À la recherche des idées perdues

Chronique

 

À l'heure où une crise économique fracassante chamboule les mentalités, les radicalismes font rage. Sous couvert de « sécurité » et prospérité, bien souvent ces partis politiques nauséabonds mettent en scène leur unique cheval de bataille, ou plutôt cheval de Troie : la haine de l'autre, sous tous ses aspects. Il devient alors urgent de recourir aux lanternes des quelques esprits éclairés, qui ont creusé un sillon vers une liberté pourtant acquise, flamme qu'il faut sans cesse ranimer.

 

« Rien n'est plus dangereux qu'une idée quand on n'en a qu'une », scande Paul Claudel. À elle seule, cette phrase semble résumer des années de guerres, de régimes totalitaires, de pensée unique. Et en effet, quoi de plus dangereux que la rumination ? On s'en aperçoit très vite à l'heure actuelle, même jusque dans les rayons des supermarchés. Quoi de plus terrifiant qu'un Marc Lévy réécrivant sans cesse le même roman, la différence seule étant le temps de la phrase ?

 

Finalement, tous ces unineurones gardent un point commun : la dictature du soliloque. Ils ressemblent à des étudiants wikipédiesques plagiant sans cesse le même fond, modifiant juste la forme. Et à force de rumination, l'idée envahit, elle ronge l'esprit, s'y installe. Elle se coule dans la plume de l'écrivain rémunéré à la page, s'accroche dans les lianes d'un racisme marécageux, ferme la porte de l'esprit aux autres idées, différentes et qui seraient pourtant les bienvenues pour étoffer un édredon spirituel dès lors réduit à peau de chagrin.

 

Le danger de la pensée unique est qu'elle empêche la modération. Pourtant, la maison de l'esprit est grande, certaines de ses consoeurs pourraient venir s'y installer, pour équilibrer le foyer. Malheureusement, quelques uns de ces esprits-habitats restent encore bien trop étroits, pauvres petites chambres de bonne délabrées, pour ouvrir leurs portes et accueillir un peu de nouveauté.

 

Par Manon Griboux

le 18 mars 2014

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