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À nue

Chronique

 

Nue sous son déshabillé, elle monte les escaliers, un verre de vin blanc à la main. Souple comme un chat, on entend seulement les pas feutrés de ses pieds nus contre les marches. Sa main glisse sur la rambarde au fur et à mesure de son ascension. Elle s’arrête, boit une gorgée, apprécie la fraicheur du breuvage et continue de monter.

 

Enfin, elle atteint le sommet et se retourne, caressant du regard l’homme qui se tient dans l’embrasure de la porte d’entrée. Elle sourit et continue son chemin. Elle réapparait dans un salon où luxure et gourmandise s’entremêlent. Elle pose son verre sur la table vernie, laisse tomber son vêtement et allume une cigarette, les fesses adossées contre la table. Son corps frémit lorsqu’elle entend le grincement des marches sous les pas de l’homme. Il est trop pressé.

 

Elle s’avance vers la bibliothèque, parcours brièvement les ouvrages rangés par ordre alphabétique. Il arrive. Elle éteint sa cigarette et reprend une gorgée de vin. Apercevant son reflet dans le miroir, elle détourne brusquement le regard. Elle s’assoit sur la table, pose les pieds et écarte légèrement les jambes. Il la veut accessible mais la soumission ne lui va pas. Elle décide d’offrir aux livres la vue sur ses cuisses et présente son dos à la porte.

 

Elle porte la nudité comme un bouclier contre le monde extérieur. La luxure, la gourmandise et l’envie, essences de la pièce, gravitent autour d’elle et la frôlent. Puissante et sûre d’elle, elle regarde la porte et l’attend.

 

Photographie de Charlotte Rampling

par Helmut Newton

 

Par Clémence Germain
le 01 avril 2014

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