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La relève littéraire

Interview

 

Dans un train vers la gare de Lyon de Paris, une jeune femme tape frénétiquement sur le clavier de son ordinateur. Amandine Duphil a enfin trouvé l’intrigue de son premier roman et l’inspiration survient pendant un voyage terrestre. Reste en mémoire et  Ne me laisse pas sont les deux ouvrages que la jeune étudiante en lettres a décider de publier à l’âge de dix huit ans à compte d’auteur. Rencontre avec la relève de la jeune littérature.

 

Votre premier livre est un recueil de nouvelles. Pourquoi un recueil et pas un roman ?

 

Ca s’est fait assez naturellement. J’ai écrit deux nouvelles qui n’étaient absolument pas destinées à être publiées. C’est un ami de la famille auteur qui m’a conseillé de les faire lire à une maison d’édition. J’ai dû en écrire une troisième pour avoir plus de matière et la forme du recueil s’est imposée d’elle-même.

 

Et justement, vos nouvelles parlent principalement de la perte d’un être cher et de la tristesse. D’où est venue cette inspiration ?

 

La première nouvelle est en partie inspirée d’une expérience personnelle. La deuxième m’est venue après avoir manqué de me faire renverser par une voiture. Mes écrits ne sont pas autobiographiques. Quand j’ai commencé l’écriture du roman, je venais de perdre mon grand père et je ne voulais pas raconter ça. Pour moi, l’histoire n’est pas triste, elle ne raconte pas la perte d’un être cher mais plutôt l’après, comment on se reconstruit. C’est cela qui m’intéresse, le fait que d’autres personnes gravitent autour de toi et t’aides à te sentir mieux. Le plus important pour moi ce n’est pas la perte, c’est d’apprendre à vivre après, sans la personne.

 

Pouvez-vous nous parler de votre processus d’écriture ?

 

Là ça fait deux ans que j’ai une panne, je n’arrive plus à écrire. J’ai écrit assez vite puisque j’écrivais pour moi, au fil de mon inspiration, sans pression. Et j’écris toujours dans le train, je ne sais pas pourquoi, ça doit être magique. Ce qui prend le plus de temps c’est la réécriture et les modifications que demandait mon éditrice. J’ai réécrit le roman deux fois en entier, et le premier chapitre a été modifié au moins cinquante fois. La maison d’édition a voulu modifier beaucoup de choses et du coup j’ai mis deux ans pour finir le deuxième livre.

 

Était-ce compliqué de devoir concilier ce que vous désiriez pour votre propre livre avec les idées de votre éditrice ?

 

Il y a certaines choses que je ne voulais pas accepter et qui se sont révélées bénéfiques pour le livre. Au début c’est facile de se dire « Mais, pourquoi elle veut le publier si elle veut modifier autant de choses ? ». Finalement j’ai été contente du résultat final car elle m’a poussé à faire des choses que je n’aurais pas osées par moi-même.

 

Et qu’est ce que ca fait d’être publiée, surtout aussi jeune, de voir son livre dans le monde extérieur ?

 

Je suis fière d’avoir publié mon premier livre à 18 ans. Et c’est une belle expérience qui m’a demandé beaucoup de travail sur moi-même donc je ne le regrette pas. Surtout que cela m’a permis de découvrir le monde de l’édition et ainsi une nouvelle ambition professionnelle. Mais ce n’est pas facile, il faut remettre en question son travail et douter de soi. En ce moment, par exemple, je me demande si la machine n’est pas cassée.

 

Le 02/05/2014

par Clémence Germain

 

Reste en mémoire, 2009, Editions Baudelaire

Ne me laisse pas, 2011, Editions Thélès

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