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Le Japon au bout du fil

Chronique

 

Il est midi. L'heure pour des centaines d'employés parisiens de se ruer dans les divers restaurants et sandwicheries alentour afin de remplir leur estomac. Certains optent pour des burgers (rapide et économique), d'autres pour des salades (diététique et frais), et d'autres pour un voyage. Ils suivent alors le fil « nouillesque » qui les mènera au pays du soleil levant.

 

Depuis quelques temps, aux abords de la rue Sainte-Anne à Paris, de nouveaux restaurants japonais de style cantine ont fait leur apparition. Ceux-ci proposent des plats traditionnels dans une sorte de fast-food nippon qui réjouissent tout amateur de cuisine asiatique. Et, surprise : qui dit japonais ne dit pas forcément sushi. Exit le poisson cru, bonjour le udon, ce long fil blanc nourrissant se balançant au gré de l'onde de la soupe. Mais à première vue, rien d'exceptionnel : une mixture couleur caramel, des nouilles, et du porc, poulet ou soja selon les goûts. Grande est alors la surprise de sentir que nouilles et soupe font en réalité bon ménage, et se marient dans une danse appétissante.

 

La première rasade de ce liquide aigre-doux calme déjà l'estomac du parisien en hypoglycémie. Les nouilles, fils d'Ariane menant directement au Japon, se promènent tranquillement dans ce bol en attendant le coup de baguette affamée. Le voyageur est alors surpris de découvrir la chaleur et la mollesse de ces petits lombrics comestibles qui, sans avoir un goût très prononcé, baignent de leur texture le palais désormais attendri. Le parisien peut alors attaquer la garniture choisie.

 

Bon – de la viande dans une soupe... c'est peu ragoûtant. Mais « la vie est une expérience » se dit celui-ci, accoutumé à l'épreuve quotidienne et parfois mystérieuse des transports en commun. Et finalement... c'est bon. Le goût salé de soja relève la saveur de la lamelle de porc qui, fatiguée de faire trempette, n'attend que d'être dévorée. L'employé repu est heureux : pour 10 euros, il a mangé léger, a découvert de nouvelles saveurs, bref, il a voyagé.

 

A la recherche des dernières nouilles au fond de son bol, peut être espère-t-il à présent tirer le fil qui le mènera vers d'autres horizons.

 

 

par Manon Griboux

le 30 mars 2014

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