Portrait d'un président « normal »

Chronique

 

En faisant appel à Raymond Depardon pour réaliser son portrait officiel, François Hollande misait en quelque sorte sur une valeur sûre. Pourtant cela peut aussi être vu comme une prise de risque lorsque l'on sait que Depardon, en faisant en sorte de s'approcher au plus près de l'authenticité de son sujet, peut finalement faire ressortir une impression autre que celle attendue. Tel a ainsi été le cas lorsqu'il filma Giscard d'Estaing, à l'époque simple candidat. Ce dernier finit par décider purement et simplement de bloquer les images tant elles ne correspondaient pas à la manière dont il souhaitait apparaître.

 

Ainsi François Hollande espère-t-il présenter le portrait le plus proche possible du réel et, ce faisant, poursuivre sur la lignée de sa campagne et réaffirmer sa normalité. Le résultat montre un président qui apparaît presque en promenade dans le jardin du palais présidentiel. L’Élysée justement apparaît seulement à l'arrière-plan et presque flou. Là où ses détracteurs disent que c'est une métaphore de sa vision politique, il s'agit surtout de montrer une prise de distance avec les fastes et les apparats du pouvoir. Ce parti pris tranche nettement avec le portrait officiel du précédent président et peut ainsi se comprendre dans une double perspective de « normalisation », mais aussi de rupture avec le côté « bling-bling » si souvent reproché à Sarkozy.

La posture de François Hollande évoque une forme d'accessibilité, mêlée de tranquillité, qui se veut rassurante. Et finalement c'est là que les critiques achoppent. A force de vouloir se montrer « normal », il est souvent reproché à Hollande de manquer de la stature d'un homme d'état. Or, justement, cette photo rassure sur l'accessibilité du nouveau président, mais elle ne dégage pas pour autant un sentiment réel de confiance ou de sérénité. Si le message que voulait faire passer François Hollande était celui du changement de style par rapport au précédent locataire de l’Élysée, on peut dire que c'est réussi. Quant au reste il sera de toute manière rapidement jugé sur sa politique.

 

 

Par Hugo Pietka

le 8 mars 2014