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Rencontre avec Dubamix

Interview

 

Voici la présentation que l'on peut trouver sur sa page Facebook :« Dubamix, c'est du dub militant et anarchiste où des extraits de discours d'hommes politiques sont intégrés dans de l'électro-dub. Dans ce monde dirigé par la loi du profit, Dubamix revendique d'autres valeurs comme la gratuité, l'échange, la solidarité, l'autogestion... Â». Greg, le fondateur du groupe, a accepté de répondre à nos questions à propos de ce projet original.

 

Pour commencer peux-tu te présenter et nous parler un peu du projet Dubamix ?

 

J'ai crée le projet en 2003. A la base je composais des musiques sur mon ordinateur sur différentes thématiques politiques d'actualité avec pour but qu'elles passent en manif. C'était le cas par exemple avec celle sur le contrat première embauche, celle sur les sans papiers, etc... Donc ce sont des musiques qui étaient faites assez rapidement parce que le but c'était : « il y a un thème d'actualité, je fais la musique pour que ça sorte en manif Â».

Puis ça a été diffusé un petit peu sur radio libertaire, et ensuite, au bout d'un certain moment, ça a fait assez de musiques pour faire un album. Je me suis dit « pourquoi pas faire un album Â». C'est comme ça que le premier album Mix a Dub est sorti en 2008. Je me suis fait aider par un premier comparse qui s'appelle Bonj, qui s'est occupé du peaufinage du son.

Ensuite on a eu un certain nombre de propositions pour faire des dates de concerts. Au début c'était pas du tout l'idée du projet Dubamix de faire du live vu que c'est quelque chose d'informatique, d'électronique, je ne me voyais pas faire des concerts. Mais on y a tout de même réfléchi avec Bonj et l'idée est venue de faire un live qui mélange vidéo et musique. C'est à ce moment que Jérémy nous a rejoint pour faire la vidéo et Nico est venu pour faire les lumières.

Au final, maintenant, l'équipe de Dubamix pour les tournées c'est Bonj au son, Nico aux lumières, Jérémy à la vidéo et moi qui fait le saxophone et les déclenchements de petits sons.

 

Vous avez plusieurs instruments sur scène, vous jouez du saxophone mais vous jouez aussi d'un autre instrument ?

 

Oui, ça s'appelle le mélodica. Ce sont les deux instruments qui sont joués sur scène et sur lesquels Bonj va pouvoir mettre des effets en temps réel, dans la tradition du dub.

Depuis on vient de sortir notre deuxième album en février : Pour qui sonne le dub. Il est totalement autoproduit, comme le premier, en téléchargement gratuit et sous licence libre.

 

Justement, à propos de cette autoproduction, de cette licence libre, comment fonctionnez-vous ? Par rapport au coût que ça peut représenter notamment de faire des live, etc.

 

Pour les live, à chaque fois on est payés, au minimum on est remboursés des frais de transports. Ensuite il y a toute la partie promo, vente de t-shirts, de cd, etc... C'est tout ça qui nous a permis de financer le deuxième album. Ça a permis de rembourser le premier et de financer le deuxième. On peut se permettre ça, que ce soit l'autoproduction ou le téléchargement gratuit, parce qu'on a tous un boulot à côté. Donc on a une liberté de création totale, on peut se permettre de pas vouloir vendre 100 000 cd parce qu'on en a pas besoin pour vivre. De même qu'on peut se permettre de jouer pour des concerts militants où on ne va presque pas être payés. Par exemple samedi dernier on a joué à la CNT, évidemment c'était pas payé, on venait pour soutenir les locaux de la CNT, donc on est venus sans toucher d'argent. Un groupe qui aurait besoin de cachet tout le temps pour vivre ne pourrait pas se permettre ça. C'est pour cette raison qu'on fait le choix de rester sous un statut amateur, même si on propose un live qui est professionnel, en tout cas on l'espère, mais on n'a pas le statut d'intermittents.

 

Pour en revenir au dernier album que vous venez d'enregistrer, combien de temps à peu près ça a mis à se faire ?

 

Le premier album était sorti en 2008 et celui-là vient de sortir, pour autant on a pas mis 6 ans à le travailler. Le travail sur l'album a été commencé il y a un an, où à la différence du premier album qui était une espèce de compilation de différents morceaux individuels, l'idée c'était vraiment de créer un album avec une cohérence. Et la cohérence elle s'est faite autour de la thématique du parallèle entre les années 30 et aujourd'hui avec la crise économique, la montée du fascisme et tous les risques que ça représente. Toutes les musiques ont été axées autour de ça, soit directement des musiques sur la question du fascisme, soit d'autres musiques sur la lutte des classes, etc.

Et grosso modo y a eu six mois de réflexions, premières ébauches, et ensuite six mois de travail. Vu que c'est de la musique informatique, on a la chance de pas avoir d'enregistrement studio à faire. C'est ça la chance aussi : on a pas de frais d'enregistrement.

 

Vous avez aussi une tournée de prévue peux-tu nous en parler ?

 

Oui. On va jouer vendredi à Genève, ensuite on va partir à Toulouse, Limoges, on va jouer aussi en Allemagne pour le 1er mai. Il y a pas mal de dates et on a la chance que le plupart de ces dates sont des salles qui nous contactent directement ; les salles où les associations. On n'a pas beaucoup de travail de recherche de dates à faire. C'est à dire qu'on dit « oui Â» ou « non Â» en fonction de nos disponibilités. C'est une grande chance qu'on a.

 

Comment as-tu eu l'idée de faire ce type de musique, qui est assez original puisque c'est essentiellement de la musique électronique mais qu'on y retrouve aussi des textes politiques, de la musique classique et diverses autres inspirations?

 

Je pense que ça vient de ce que j'écoute et de ma façon d'être. J'écoute beaucoup de musique classique et beaucoup de reggae. Ce sont les deux axes : la musique qui me fait le plus vibrer c'est le reggae, mais la musique classique c'est quelque chose qui m'inspire énormément. J'admire beaucoup de compositeurs, notamment Haydn qu'on retrouve dans plus d'une de nos musiques, pour son côté  rebelle, original et moderne, déjà à l'époque. J'avais envie de faire du reggae, du dub, parce que c'est ce qui me donne envie de bouger, mais j'avais aussi envie de mettre toutes les autres musiques que j'écoute qui peuvent se mélanger avec le dub, et j'avais envie de les faire découvrir aux gens. Je sais bien que le public de dub n'écoute pas beaucoup de musique classique, j'avais envie d'introduire du Haydn, Tchaïkovski, du Brahms... Pouvoir donner cette ouverture, c'est ce que je souhaite.

 

Quelles difficultés avez vous rencontrées ?

 

Les difficultés c'est surtout des trucs dont on rigole après. Des concerts où on se retrouve avec des problèmes techniques, des trucs où on joue devant 2 personnes... Une fois à Grenoble on a joué alors qu'il y avait 3 personnes dans la salle. Le jour d'avant on avait joué à Bologne, en Italie, devant 800 personnes. En Italie, donc, où les gens ne connaissaient même pas Dubamix.

Après, un mauvais moment ce serait peut être quand on s'est fait fracasser le camion de tournée, du coup on a eu pas mal de pertes financières, on s'est fait voler notre vidéo-projecteur, etc... C'était un coup dur, mais bon, ça nous a toujours permis de rebondir donc c'est pas grave.

 

Et à l'inverse, quels ont été les moments plus marquants de votre parcours ?

 

Le premier moment qui me vient en tête c'est le premier mai dernier, où on a joué pendant la manif. C'était super de jouer en extérieur, sur un camion, avec plein de gens qui écoutent tous les messages qu'on peut porter. C'était vraiment fort.

Et puis les tournées qu'on a faites en Italie aussi, où on a pu découvrir des lieux autogérés, où il y a énormément de choses très intéressantes qui se passent, où il y a des gens dynamiques qui arrivent à s'allier. Pas forcément des organisations politiques, plutôt des groupements d'individus qui sont très ouverts sur le quartier. Il y a une incroyable énérgie qui se dégage de ça.

Si je devais dire deux moments, pour les concerts ce serait ça. Et pour la composition ce serait tous les moments que j'ai pu passer avec Sophie, ma compagne, qui m'a énormément aidé pour ce dernier album au niveau de la cohérence esthétique et politique. Par exemple la musique qu'on a faite sur Oradour sur glane, où il y a eu un vrai travail de recherche pour faire des musiques en relation avec la guerre, où j'ai pris par exemple le Quatuor pour la fin du temps d'Olivier Messiaen, qu'il a composé alors qu'il était en camp de concentration. Tous ces moments de discussion ont été vraiment très riches avec Sophie.

 

Vous pouvez retrouver la musique de Dubamix et son actualité à l'adresse suivante : http://www.dubamix.net/

 

le 20 mars 2014

Par Hugo Pietka

 

 

 

 

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