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Sneakers are girl’s best friend*

Enquête

 

 

Des centaines de paires de baskets des toutes les couleurs et de toutes les formes piétinent le sol dans un arc en ciel de plastique fluo et de crampons. Il ne s’agit pas du premier rang d’un match de basket mais de la sortie du défilé Chanel au Grand Palais lors de la Fashion week. Nouvel accessoire mode, la sneaker est la pièce que s’arrachent les filles. Retour sur l’histoire d’une chaussure de sport devenue le chouchou des créateurs de mode féminine.

 

Il ne s’agit pas d’une barre chocolatée mais d’une paire de chaussure dont la popularité ne fait qu’accroître depuis le début du XXIème siècle. Indispensable dans le vestiaire des hommes sportifs, elle fait son apparition dans les dressings féminins. En 1923 sort la Converse Chuck Taylor. Succès immédiat, elle est portée par tous les sportifs. On la voit alors aux pieds des basketteurs de la NBA puis à ceux des héros de Grease. Aujourd’hui c’est l’actrice Kristen Stewart qui ne jure que par ses chaussures étoilées qu’elle porte avec un jean ou une robe de soirée. Autre grand nom de la basket, c’est l’Adidas Stan Smith en 1965 qui prend la relève. Créée par et pour les sportifs, elle s’adapte à tous les milieux. Après les terrains de tennis c’est chez les amateurs de reggae et de hip-hop qu’elle rencontre le plus grand succès. Chaussure a priori masculine, la poupée Barbie sportive porte elle aussi rapidement des Stan Smith roses. Ce phénomène de transfert du terrain à la rue s’est opéré pour un grand nombre d’autres modèles. Très vite détournée de son usage premier, le sport, la basket s’est trouvé un usage citadin. La sneaker c’est cette chaussure de sport qui ne foulera jamais un terrain. Elle se distingue par son côté esthétique et donc ne tarde pas à charmer les demoiselles qui collectionnent les souliers. Elle est devenue un accessoire de mode qui a pris racine dans la culture urbaine puis s’est étendue pour toucher tous les genres et se retrouver aux pieds des grand-mères du XVIème arrondissement.

 

Les crampons rejoignent les talons

 

Les sneakers ont fait une entrée progressive dans le vestiaire féminin jusqu’à en devenir une des pièces-fard. Aujourd’hui dans beaucoup de penderies, elles côtoient fièrement les talons aiguilles. Loin des anciens canons de beauté et des silhouettes des années 30, la fille à basket n’en reste pas moins féminine. Elle s’adapte à son milieu. « J’ai des journées de ministre. Je prends la voiture pour aller à la fac. J’avale un déjeuner en vitesse puis je cours au boulot. De là, j’enchaine les aller-retour dans les rayons. En talons, c’est impossible à moins de s’appeler superwoman. Depuis que je porte des baskets, je me sens beaucoup mieux » déclare Lou, 22 ans. Sa paire préférée sont des Vans à imprimés aztèque. Ces chaussures ont la cote car elles permettent d’apporter une touche de mode tout en restant pratique et confortable. Il existe une infinité de modèles et d’imprimés, de quoi satisfaire tous les goûts jusqu’aux plus pointus. « J’ai trois paires de baskets, les mêmes que mon copain ! Je les trouvais super jolies mais je ne m’imaginais pas en porter jusqu’à ce que je les vois sur des filles. » Manon, 20 ans, alterne entre des Nike Blazer bordeaux, noires ou léopard selon ses tenues et ses humeurs. Les sneakers sont des chaussures de tous les jours, faciles à porter. D’autre part, l’émergence d’une mode mixte et de looks androgynes n’ont fait qu’accentuer la tendance. Les collaborations entre les marques de sport et les grandes chaines de prêt à porter se multiplient. Dernièrement c’est New Balance qui a lancé sa collection Capsule chez Comptoir des Cotonniers dont les vitrines montrent des sneakers pour citadines.

 

Reines des podiums

 

Si les sneakers débarquent dans la rue, dans le domaine du luxe elles ont fait leur entrée depuis le début des années 2000. Les designers se sont pris d’affection pour ces chaussures dans lesquels ils voient un moyen de dynamiser leur image. Ils débordent d’imagination et sortent alors des modèles à des prix encore jamais envisagés. C’est en particulier Lanvin, qui s’inspire des converses puis Isabel Marant, avec sa basket à talon, qui lancent le mouvement. Au début ça affole. Les magazines féminins qualifient ces modèles d’ « ovnis de la mode » ou d’ Â« immonde faute de goût ». Les filles lambda quant à elles ont du mal à s’imaginer porter de telles chaussures. Or la sneaker est tenace et compte bien se faire un nom dans la mode féminine. Une photo de Miranda Kerr, dans la rue, sublime avec ses grosses baskets colorées change la donne. La création d’Isabel Marant devient le modèle de référence. Aujourd’hui la basket à talon ne choque plus personne et rejoint les ballerines et les talons aiguilles dans les placards des femmes. Mais c’est cet hiver que le potentiel mode de la sneaker a été confirmé. Reine du Grand Palais lors de la Fashion week de Paris, elle surprend et ravit les invités. Karl Lagerfeld s’est lui aussi laissé charmer par les crampons, et met en scène lors du défilé de la collection Automne-hiver 2014-2015 de Chanel, une ribambelle de mannequins à plat. « J’aime l’idée que les femmes soient comme les hommes : tout le monde marche sur du plat », explique le couturier. Le top Cara Delevingne a ouvert le bal avec des baskets, réalisées par le bottier Massaro, recouvertes de tweed assorti à celui de son manteau. Certains mannequins les portaient même en version montante, comme des bottes. « Impardonnable faute de goût » pourraient penser certaines, mais dans quelques années elles les auront toutes aux pieds.

 

 

par Estelle Chalut-Natal

le 3 avril 2014

 

*Les baskets sont les meilleures amies des filles

 

 

New Balance pour Comptoir des Cotonniers, Running 996, prix 100 € Nike Blazer, prix entre 100 et 150 € Isabel Marant, Sneakers compensées en daim et cuir, 415 € Chanel, la basket botte, prix sur demande

 

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