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Vintage: Quoi de neuf ?

Reportage

 

Une jeune femme tente de vendre une robe seventies à fleurs rouge et orange à une adolescente dubitative. L'argument choc: c'est un modèle unique et le Marché de la mode vintage n'existe qu'une fois par an. La jeune fille repart, joyeuse, avec une robe qui fera sensation cette été et qu'elle ne retrouvera dans aucune garde-robe de ses copines. Le Hall Tony Garnier a ouvert ses portes au rendez-vous des passionnés de vintage, de la mode à l’immobilier en passant par la décoration et l’automobile. La 12ème édition du Marché de la mode vintage se tenait le 13 et 14 avril 2013 à Lyon et accueille 27000 visiteurs. Le vintage est in, le vintage c’est tendance, le vintage c’est différent de la mode contemporaine. Mais alors, c’était mieux avant ? Retour dans le temps.

 

Cette journée ensoleillée du 13 avril permet aux exposants d’exhiber des moyens de transports customisés à la mode des années 60. Une caravane est installée avec un auvent, de la vaisselle et des accessoires hippies, fleuris, colorés, à l’image de leur propriétaire. D’après lui, « la customisation des voitures a changé pour aller vers une version plus « tape-à-l’œil », sans second degré, contrairement aux années 70 ». Pour ce fan des années hippies " il est hors de question de laisser un tel bijoux au garage, cette caravane nous permet de travers la France tout l'été ". Le ton est donné, le vintage est un mode de vie. Un peu plus loin, en dépassant les quelques voitures vintages qui sont garées, un jeune homme se vante de sa série de bicyclettes. Après avoir fait le tour de cette petite exposition en extérieur, il est temps de passer à l’intérieur du Hall Tony Garnier et de visiter les stands. La première chose qui accroche le regard en entrant est une pyramide de tennis Bensimon customisées par des créateurs et étudiants de l’École de mode de Lyon. Ces tennis sont vendues et les bénéfices seront reversés à l’association « Tout faire pour un sourire d’enfant ». Si cette attraction est impressionnante, c’est la marée humaine qui s’enfonce dans la salle et les 392 stands qui le sont d’avantage. L’intérieur du hall est une vraie forêt de stands, de monticules haut en couleurs et de vendeurs extravagants au style intemporel.

 

Le plaisir de la chasse

 

Car le vintage c’est cela. C’est chiner, s’entêter, chercher, partir à la chasse et espérer tomber sur un objet exceptionnel. La plupart des exposants possèdent des boutiques vintages dans le quartier de la Croix-Rousse. Carrie Bradshop, l’une des boutiques les plus réputées de Lyon, propose des vêtements vintage de créateurs, d’Yves Saint Laurent à Nina Ricci, à des prix abordables pour des pièces de haute couture. Cette mine d’or regorge de petits trésors que les visiteurs prennent plaisir à dénicher. Et quelle fierté de trouver une robe Marc Jacobs des années 80 à sa taille. C’est ce plaisir de la chasse, cette excitation et l’émerveillement, comme un enfant qui ouvre ses cadeaux le matin de Noël, qui attirent les amoureux de l’authenticité. Car on ne sait jamais ce qu’on va découvrir au fin fond d’une penderie. Pour les propriétaires de Carrie Bradshop, Patrick-Pierre et Yvo, chiner est plus qu’un passe-temps.

 

D’une passion à un métier

 

Les gens qui vivent de leur obsession pour le vintage ne sont pas nombreux. L’univers féminin et raffiné qu’ont développé les deux amis a fonctionné et attiré les foules dans leur magasin comme sur leur stand au Marché de la mode vintage. Mais pour certains c’est plus compliqué. Lou, la créatrice du « Vestiaire de Lou » a toujours rêvé d’être styliste. Elle chinait les pièces vintage avant d’être capable de les créer elle-même. Elle a fini par se lancer et le Marché de la mode vintage est le seul endroit où elle peut vendre ses créations : des pièces féminines, fleuries et colorées. Et les jeunes femmes se sont jetées sur ses créations, des modèles uniques, qui permettent à la gente féminine d’être à la fois élégantes et atemporelles. Tous les exposants du marché sont habités par un désir de faire partager leur passion en créant une relation privilégiée avec le client, ce qui n’est pas toujours au rendez-vous dans les magasins d’aujourd’hui. Car c’est avant tout pour cela qu’il y a autant de participants, amateurs autant que professionnels, pour échanger sur un intérêt commun. Un jeune couple, après avoir passé des années à chercher et collectionner des bottes et paires de lunettes vintages, a décidé de ne plus chiner pour son plaisir mais aussi pour vendre ses trouvailles. Résultats : une trentaine de bottes vintage en cuir de toutes les tailles, une cinquantaine de paires de lunettes de soleil, des premières Wayfarer aux premières Aviator, chacun y trouve son compte et repart avec un objet dont il est fier.

 

Le principal intérêt du vintage pour des amateurs, des gens dont ce n’est pas la passion mais qui sont venus au Marché de la mode vintage, c’est la possibilité de trouver des pièces que personne d’autre n’a. Que cela soit une robe, un lampadaire ou une voiture, c’est le caractère inédit de ce mode de vie qui le rend si spécial. En définitif, le vintage ce n’est pas préférer le passé au présent mais profiter du passé dans le présent. L’amateur de pièces vintage a entrepris une quête de l’authenticité, il veut redonner vie au passé, sans en faire un culte. Mais justement, le Marché de la mode montre que le vintage devient à la mode, devient mainstream (courant) et perd de ce caractère singulier auquel les vrais passionnés attachent tant de valeur.

 

Par Clémence Germain

le 19  mai 2014

 

Marché de la Mode Vintage

les 17 & 18 mai 2014  de 10h à 19h

Halle Tony Garnier, Lyon

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